jeudi 3 décembre 2015

"Notre bon plaisir" au 104, Biennale Némo.

"Notre bon plaisir" au 104, dans l'exposition Prosopopée, dans le cadre de la Biennale Némo.
du 05 décembre au 31 janvier 2016
L'installation en cours de développement sera présentée en Work in progress

Journée ​d​'inauguration le Samedi 5 décembre de 14h à 23h

Voici un article de Laurent Catalla pour Digitalarti news ( version française et english version)

"Notre bon plaisir": 3013/2015.
Réalisation, Concepts techniques, Composition sonore : Pascal Bauer. Chorégraphie : Miguel Moreira. Danseur : Sebastian Langueneur.
Production : Digitalarti. Coproducteurs : Digitalarti, Pascal Bauer, Universcience, Arcadi, Synesthésie.
Avec le soutien du CentQuatre-Paris. Avec l'aide d'Arcadi Ile de France / Dispositif d'accompagnements
Production déléguée : Malo Girod de l'Ain. Direction Technique : Bertrand Scache. Programmation Robotique : Wilson Antoine, Assisté de Freddy You et de Gloire Admira. Programmation systèmes :Olivier Gilquin.
Coordination : Martin Giraud. Assistant vidéo : Sebastien Andréa.Communication : Jean-Baptiste Luneau.
Remerciements : CentQuatre-Paris. Polytech Paris UPMC. Créatec. Patrick Cazade. Rero. Reynald Garcia




PASCAL BAUER : LA CONTRAINTE DU CORPS

Qu’il présente le corps – et notamment le sien – en marcheur inflexible, en christ vacillant ou en figurine-objet grimaçante, Pascal Bauer poursuit toujours avec la même esthétique forte sa mise en portrait de l’aliénation de l’individu par une collectivité de plus en plus technologique. Une contrainte du corps dans l’image qui se poursuit dans des directions encore plus robotiques et vidéo tactiles avec ses nouveaux projets développés avec Digitalarti, Notre Bon Plaisir et Senseimage.

Plasticien autant qu’artiste audiovisuel, Pascal Bauer a développé une recherche esthétique plaçant la force mais aussi la fragilité de l’individu sous le prisme inquiétant du regard collectif. Corps figés dans l’objet, comme ses figurines grimaçantes de Ne jamais laisser vos enfants seuls ; Corps enfermés dans l’écran, qu’ils soient humains comme ce corps christique soumis à une tension expiatoire (L’Elu) ou ce corps nu défilant virtuellement sur son rail (La Foule), ou animaliers, comme ce taureau monté sur son bras robotique giratoire et « chargeant » le public l’entourant (Le Cercle) ; le travail de Pascal Bauer transcende par l’image ce cheminement contraint de l’individu vers le collectif omnipotent. Un cheminement souvent chaotique, toujours perturbant, où l’artiste semble parfois payer de sa personne en mettant directement sa propre image en jeu, mais qui confère à ces pièces une force fascinante, où le choix du médium est moins déterminant que la quête de sens. « Mon travail est d'abord signifiant », explique Pascal Bauer. « Je choisis ensuite la technique qui défendra le mieux la formalité qui en est induite. J'ai donc d'autres travaux qui utilisent d'autres médiums comme la photo ou le texte. »

Il est intrigant de constater combien l’usage de toutes ces techniques traduit de manière singulière dans les pièces de Pascal Bauer une forme d’hybridation, de simultanéité entre l’expressivité « primitive » de la forme plastique et le nouveau cadre technologique qui la transforme. Cette approche peut être très symbolique, comme dans la pièce Deep Captive qui présente un objet mi-missile, mi-massue. Ou encore dans Master of the Wolves qui dévoile un tchat gravé dans le marbre de Carrare. Mais elle n’induit pas une dévotion de la part d’un artiste citant Kafka et Zappa comme référence, qui se dit fasciné par « la folie maîtrisée de Goya et de Delacroix », à la nouvelle fée numérique. « Le numérique n'a aucune particularité pour moi, c'est une matière comme une autre », affirme Pascal Bauer. « Ou bien si, elle a une grande particularité. C'est la seul matière où je ne peux pas tout faire tout seul, car je ne possède pas le vocabulaire de codage. De toute façon, la simultanéité des techniques me va bien. Comme beaucoup d'artistes, j'adore les antagonismes. Par exemple pour Master of the Wolves, c'est la noirceur naturelle de ce tchat qui ma poussé à le traduire en objet, avec son protocole d'expression, sa nature immatérielle et instantanée, à lui donner une formalité qui vise l'éternité matérielle. »

L’homme, un monstre social ?

Dans le travail de Pascal Bauer, l’élément fondamental reste néanmoins sa façon de mettre l’humain au cœur de ses dispositifs. Et si cette expression peut être conceptuelle – comme dans Ready Made et sa liste de onze mille termes compilés à partir des fichiers des différents organismes de protection de la propriété industrielle européens –, ce sont néanmoins ces pièces les plus frontales comme L’Elu ou La Foule, à travers lesquelles l’image de l’homme (de Pascal Bauer en l’occurrence) est malmenée dans sa chair ou cliniquement observée dans sa démarche la plus robotisée, qui stigmatise le mieux ce lien de subordination établi entre l’homme et son référent social collectif. « Tout mon travail tourne autour du thème de l'aliénation », confirme Pascal Bauer. « Je ne le fais pas exprès. Cela n'a rien de volontaire. Le corps social, le clan, la communauté, la bande, la meute, le banc, le vol, le troupeau : tous ces ‘objets’ ont quelque chose d'effrayant non? Ils sont indispensables à l'individu, mais le contraignent fermement. » D’une certaine manière, c’est à une autre vision de nous-mêmes que mène ce regard dirigé par Pascal Bauer. « Sous un autre regard, nous sommes des monstres. Des monstres plein de bonne volonté, mais des monstres, car nous sommes construits de valeurs négatives, que la plupart d'entre nous essaye de juguler intellectuellement en correspondance aux lois du groupe, d’où la bonne volonté. C’est un discours rabâché, mais j'ai besoin d'exprimer ce nœud d'angoisse. »

Cette expression répond souvent à un mode opératoire fortement déstabilisant mais surtout hypnotisant, notamment dans la pièce L’Elu Couché où le personnage christique incarné par Pascal Bauer, fixé au sol sur un écran-crucifix jeté à terre, renvoie l’image torturée et saturée d’un homme en proie à une lutte expiatoire compulsive, portée par le volume et le brouhaha sonore passionnel de l’installation. « L'aliénation, la dépossession, mène à une forme d'état second par la difficulté à se situer qu'elle implique », note Pascal Bauer. « Mais, la problématique de l'élu est différente. L'élu que je sculpte - car c'est une sculpture - fait certes référence au Christ, mais il fait d’abord référence à la crucifixion dont le personnage est sauvé par son infirmité. Dans le même temps, celui-ci tient à conserver son statut d'élu, qu'il ne peut conserver à cause de son infirmité que grâce à une reprise d'équilibre constante. Il y a donc là une image du statut intemporel de l’élu du corps social. D'autre part, le concept d'élu est un outil d’hypnose à grande échelle. C'est pour cette raison qu'il est omniprésent dans notre culture. Vous n'aimez pas votre vie ? Nous vous offrons le blockbuster et son héros du dimanche soir où, par projection, vous vous vengez de toutes les contrariétés de votre semaine. C’est valable pour tout le monde. Moi aussi, j'ai besoin d’évacuer. C’est en partie pour cela que je me mets en scène moi-même. Je fais partie du problème, je ne suis pas au-dessus. L'élu est donc un fondamental de nos sociétés et de leurs pouvoirs hypnotiques. »

Du Cercle à l’écran
Dans Le Cercle, la figure humaine cède sa place à la silhouette d’un animal, un taureau, qui en dépit de ses efforts de course reste à la fois prisonnier de l’écran et de sa rotation concentrique sur son axe. « La référence à l'animal est très présente dans mon travail, souvent par mimétisme d’attitude. C'est d’ailleurs une projection, que je partage avec Kafka qui ne l'a pas utilisé que pour La Métamorphose », précise Pascal Bauer. « Le taureau est une créature incontournable dans les mythologies comme symbole de puissance. Il est souvent utilisé pour l'image de la puissance maîtrisée ou asservie. Je ne fais donc que perpétuer une tradition. »

Le Cercle est une pièce essentielle du travail de Pascal Bauer, qui nécessite des améliorations constantes et que l’artiste présente d’ailleurs sous ses nouveaux atours jusqu’en septembre à l'Abbaye de Saint-Riquier dans le cadre de l'exposition Anima/Animal. « Le Cercle est une pièce assez imposante, qui relève beaucoup de défis », reconnaît Pascal Bauer. « Elle a été réalisée avec les moyens que m’a accordé Arcadi, qui sont loin d'être insignifiants mais très insuffisants pour l'envergure de l'installation. L'année dernière, le CDA d'Enghien m'a offert un budget supplémentaire pour l'équiper avec un écran à LEDs, ce qui lui permet d'être visible en lumière du jour. Mais, cet écran a rajouté une charge de 150 Kilos à la machine qu'il a fallut reconfigurer complètement en un temps record. Cette faiblesse des moyens fait que la machine n'est pas encore configurée comme je le voudrais. Je l'améliore donc à chaque présentation de telle sorte qu'elle gagne en fiabilité. Il manque cependant encore une dimension d'interactivité qui n'est pas essentielle mais qui m'amuserait assez. J’ai aussi le projet d'en faire une version se cognant sur les murs, dans un angle d'une grande salle, de façon à accentuer mon désir que l'on soit contraint à être très proche de la machine, de sa sonorisation et de ses mouvements. Ce serait encore plus impressionnant. »

Qu’il s’agisse du Cercle ou de L’Elu, ou encore de La Foule, l’écran reste en tout cas chez Pascal Bauer l’interface idoine, la lucarne par laquelle l’individu souscrit à la vision qu’a de lui le groupe. Faut-il donc voir dans son usage une forme de détournement de ce meilleur symbole actuel de notre société de consommation et de technologie ? « Oui, il y a de cela », acquiesce Pascal Bauer. « Mais, c’est surtout un support de vie par procuration, qui est une autre forme d'aliénation. Il y a aussi le fait que je sois assez réfractaire aux poncifs, ceux dont je suis conscient du moins. Donc redonner de la matérialité à l'immatériel m'amuse assez lorsque nous n’arrêtons pas de parler de dématérialisation. Je suis d'ailleurs persuadé que nous avons actuellement déjà passé cette étape. La multiplication actuelle des Fab Lab est bien la preuve d'un désir de faire du matériel avec le numérique. »

Des robots indigents pour Notre Bon Plaisir

Preuve de cet intérêt certain pour les nouvelles procédures de matérialisation numérique, Pascal Bauer a récemment entamé une collaboration avec le Artlab de Digitalarti autour de la réalisation de deux nouveaux projets où l’écran fait encore figure de médium privilégié. Dans Notre Bon Plaisir – nouvelle référence mi-amusée, mi-provocatrice à l’hypnotique religieux -, cette récurrence se double même d’une association encore plus poussée du public qui se retrouve pris à partie par une « meute de robots indigents » : des objets rampants portant chacun un écran horizontal sur lequel s’active une figure humaine aux mouvements énergiques et qui s’affairent, en groupe, à importuner un visiteur choisi en le suivant avec insistance tandis que leurs déplacements sont synchronisés aux gestes chorégraphiques des autres personnages sur les écrans, qui adressent aux visiteurs de petites danses votives et des prières insistantes.

« Notre Bon Plaisir est une pièce très exigeante en termes de ressources », souligne Pascal Bauer. « Le désir de base est d'avoir une meute d'individus portés par des écrans, qui viennent ‘importuner’ les visiteurs en projetant sur eux une hypothétique personnalité spirituelle, des êtres pauvres au niveau moral et intellectuel. »

Ces êtres, qui peuvent être aussi des robots médiateurs dans d’autres déclinaisons du projet, agissent donc comme une tribu de sept robots capables de cartographier un lieu et d'identifier des visiteurs, de réagir à leur présence et de les accompagner dans leur visite, et dont l’écran tactile sonorisé diffuse différents types de médias selon son emplacement et les demandes des visiteurs. « Notre Bon Plaisir fait appel au développement d'une robotique spécifique, qui fonctionnera sur des concepts de programmation qui ont peut être des équivalents, mais que je ne connais pas », revendique Pascal Bauer. « Je veux dire par là que j'imagine une méthode atypique de gestion de la robotique. Pour trouver les financements, j'ai proposé à Univers Sciences une déclinaison fonctionnelle sous la forme d'une tribu de robots médiateurs. Digitalarti s'est piqué au jeu et nous développons actuellement l'ensemble du programme matériel et software. C'est un projet plus qu’ambitieux et sans doute périlleux, mais je crois que j'affectionne assez les notions de dépassement. L'équipe de Digitalarti s'est développée depuis quelques temps avec des compétences accrues et je crois que l'on peut arriver à des expérimentations passionnantes. »
C’est au 104 que Pascal Bauer procède actuellement, dans le cadre d’une résidence, aux dernières finalisations du projet. « Le personnage qui apparaît sur les écrans est un danseur. Je peaufine donc cette partie avec un chorégraphe, Miguel Moreira, dont j'aime beaucoup le travail », précise Pascal Bauer. « Nous partageons la même vision expressionniste. Nous dessinons avec le danseur, la chorégraphie qui va être filmée, puis qui va faire l'objet d'un montage très spécifique pour être diffusée sur les écrans robots, toujours de façon synchronisé à leurs déplacements. »

Senseimage : anamorphose et lobotomisation

Parallèlement à ce Bon Plaisir, et à d’autres projets plus personnels, comme ces curieux manèges unitaires pour enfants, semblables à ceux que l’on trouve dans les centres commerciaux mais que Pascal Bauer annonce comme « très ambigus (…) avec quelque chose de militaire, plein de lumières et de sonorités festive, et formellement à la frontière de la machine de torture ( !) » et sur lesquels il travaille depuis deux ans, un autre projet se dessine avec Digitalarti : le projet de vidéo tactile Senseimage.

« Là aussi, c'est un projet à long terme, qui nécessite pour le financer le développement d’un projet à finalité commerciale », résume Pascal Bauer. « Ce qui est très amusant, c'est que le projet artistique est une critique de ce qui va exister, mais qui n'existe pas encore. Je dois donc d'abord le faire exister, pour avoir le matériel pour en faire la critique. Comme quoi je fais bien partie du problème... »

Une fois encore, la notion de contrainte du corps et d’aliénation de l’individu résonne comme un véritable leitmotiv. « Le but artistique est de contraindre le corps dans l'image », glisse ainsi Pascal Bauer. « Cela induit donc plusieurs pistes de développement et j'ai plusieurs projets en tête avec ce matériel. L'un d'eux est de faire une caverne entièrement tapissée de matière vidéo / sensible. C'est à dire qui connaît ta position et qui peut échanger avec toi de telle sorte que, où que tu sois, l'image apparaisse comme le résultat d'une anamorphose par rapport à ton champ de vision. L'image et le son seraient donc tout sauf paisibles et l’installation pourrait constituer un assez bon outil de lobotomisation. Peut-être juste une petite exagération de ce qui se prépare à l’échelle réelle. Quoique, en ce moment, on en est plus à voir la vie en très petit sur nos smartphones. » Une nouvelle piste de réflexion créative virulente en tout cas, cela va sans dire…

Laurent Catala

http://pascal.bauer.free.fr/
pascal-bauer.blogspot.com






PASCAL BAUER: CONSTRAINT OF THE BODY

Whether he presents the body –especially his – as an unswerving walker, a faltering Christ or a contorted figurine, Pascal Bauer continues his portraiture with the same strong aesthetic identity, depicting the alienation of individuals by an increasingly technological community. The body is constrained in the shot using even more robotic methods and tactile videos in his new projects Notre Bon Plaisir (Our Pleasure) and Senseimage developed with Digitalarti.

A visual as well as audiovisual artist, Pascal Bauer has investigated aesthetics looking at the strength but also the fragility of the individual through the alarming prism of the collective vantage point. Bodies fixed in the object, like his contorted figurines in Ne Laissez Jamais Vos Enfants Seuls (Never Leave Your Children Alone); Bodies enclosed in the screen, whether human, like this Christ-like body subject to expiatory tension (L’Elu – The Chosen One), or this naked body parading virtually on its track (La Foule-The Crowd), or animals, like this bull mounted on a gyratory robotic arm and ‘charging’ the audience surrounding it (Le Cercle – The Circle). Through image Pascal Bauer’s work transcends this forced progression of the individual towards the omnipotent group. An often chaotic and always disturbing progression, where the artist sometimes seems to put his body on the line by directly sacrificing his own image, but who bestows these pieces with fascinating strength, where the choice of the medium is less decisive than the search for meaning. ‘My work is in the first instance significant,’ explains Pascal Bauer. ‘I then choose the technique that will best champion the resulting form. I use other mediums like photography or text in other works.’

It is intriguing to observe how much the use of all these techniques in Pascal Bauer’s pieces uniquely translates a form of hybridisation, of simultaneity between the ‘primitive expressiveness of the physical form and the new technological framework that transforms it. This approach may be very symbolic, as in the piece Deep Captive that presents a semi-missile, club-like object. Or in Master of the Wolves revealing a chat engraved in Carrara marble. But it does not lead to devotion, on behalf of an artist quoting Kafka and Zappa as a reference, claiming to be fascinated by ‘the controlled madness of Goya and Delacroix,’ to the new digital fairy. ‘Digital is not particularly special to me; it’s a material like any other,’ confirms Pascal Bauer. ‘Well, its distinctive characteristic is that it is the only material that I cannot work on independently, as I do not have any coding skills. In any case, simultaneous techniques suit me. Like many artists, I love antagonism. For example for Master of the Wolves, the natural darkness of this chat pushed me to translate it into an object, with its protocol of expression, its intangible and instant nature, to give it a form seeking material eternity.’

Is man a social animal?

In Pascal Bauer’s work, the core element nonetheless remains his way of putting people at the heart of his devices. And if this expression can be conceptual –like in Ready Made and his list of eleven thousand terms compiled from the files of different European organisations for the Protection of Industrial Property– it is nevertheless these most frontal pieces like L’Elu (The Chosen One) or La Foule (The Crowd), through which the image of man (Pascal Bauer in this case) is ill-treated in the flesh or clinically observed in his most robotic approach, that best stigmatises this relationship of subordination established between man and his collective social benchmark. ‘All my work revolves around the theme of alienation,’ confirms Pascal Bauer. ‘I do not do it on purpose. It is not intentional. The social body, the clan, the community, the group, the pack, the shoal, the flight and the flock: all these ‘objects’ are scary aren’t they? They are indispensable to the individual, but resolutely force them.’ In one respect, this view controlled by Pascal Bauer leads to another vision of ourselves. ‘From a different angle, we are monsters. Monsters full of goodwill, but monsters, as we are constructed from negative values, that most of us try to contain intellectually according to group laws, hence the goodwill. This has been endlessly repeated, but I need to express this anguish.’

This expression often responds to a powerfully destabilising but above all hypnotising operating mode, particularly in the piece L’Elu Couché (The Chosen One Lying Down) where the Christ-like figure embodied by Pascal Bauer, attached to the ground on a crucifix with a screen thrown to the ground, offers the tortured and saturated image of a man threatened by a compulsive expiatory struggle, driven by the volume and passionate hubbub of the installation. ‘Alienation, dispossession, leads to a form of altered state making it difficult to place yourself,’ notes Pascal Bauer. ‘But, the problem of the chosen one is different. The chosen one that I sculpt– for it is a sculpture – indeed refers to Christ, but first of all it refers to the crucifixion. His disability saves him. He wants to retain his status as the chosen one that he can only keep because of his disability thanks to a constant balancing act. Therefore there is an image of the timeless status of the chosen one by the population. On the other hand, the concept of the chosen one is the opium of the masses. This is the reason for which it is omnipresent in our culture. Do you like your life? A Sunday evening blockbuster and its hero is up for grabs where, by projection, you rid yourself of your entire week’s difficulties. It applies to everyone. Me too, I need to de-stress. That is partly why I stage myself. I am part of the problem; I am not above it. The chosen one is therefore fundamental to our societies and their hypnotic powers.

From Le Cercle (The Circle) to screen
In Le Cercle (The Circle), the human figure makes way for an animal silhouette, a bull that in spite of its efforts to run remains both a prisoner of the screen and of its concentric rotation on its axis. ‘Animals are often referred to in my work, often by mimicking a posture. This is in fact a projection, that I share with Kafka who only used it for The Metamorphosis,’ outlines Pascal Bauer. ‘The bull is a key creature in mythologies as a symbol of power. It is often used for the image of controlled or subjugated power. Therefore I am only perpetuating a tradition.

Le Cercle (The Circle) is one of Pascal Bauer’s key pieces, requiring constant improvements. The artist presents new versions of it at the Abbaye de Saint-Riquier until September as part of the exhibition Anima/Animal. ‘ Le Cercle (The Circle) is quite an imposing piece, that overcomes many challenges,’ Pascal Bauer recognises. ‘It was produced with a grant from Arcadi, that was far from insignificant but very insufficient for the scope of the installation. Last year, the CDA d'Enghien offered me an additional budget to equip it with an LED screen, enabling it to be visible in daylight. But this screen has added 150 kilos to the machine that had to be fully reconfigured in record time. The shortfall means that the machine is not yet configured as I would like. Therefore I improve it for each presentation in such a way, that it becomes more reliable. However it still lacks an interactive dimension that is not essential but that I would nevertheless enjoy. I also plan to make a version of it banging against the walls, in the corner of a large room, to emphasise my desire that we are obliged to be very close to a machine, its sound system and its movements. That would be even more impressive.’

Whether Le Cercle (The Circle) or L’Elu (The Chosen One), or La Foule (The Crowd), for Pascal Bauer screens remain in any case the fitting interface, the window through which the individual subscribes to the vision that the group has of him. Should we therefore see in its use a form of misappropriation of this greater current symbol of our consumer and technology society? ‘Yes, there is that,’ agrees Pascal Bauer. ‘But above all it is life’s blueprint by proxy, which is another form of alienation. There is also the fact that I am quite resistant to clichés, those that I am aware of at least. So restoring tangibility to the intangible rather amuses me while we are still talking about dematerialisation. I am convinced that we have already passed this stage. The current multiplication of Fab Labs demonstrates a desire to make material with digital.

Needy robots for Notre Bon Plaisir (Our Pleasure)

As proof of this specific interest for new digital materialization processes, Pascal Bauer has recently started work with Digitalarti’s Artlab around two new projects where screens are still proving to be a preferred medium. In Notre Bon Plaisir (Our Pleasure)– a new half-amused, half-provocative reference to hypnotic religious people - this recurrence is coupled with a much more comprehensive integration of the audience also set upon by a ‘swarm of needy robots’: crawling objects, each bearing a horizontal screen on which a human figure bustles about energetically, busy themselves as a group, disturbing a chosen visitor by following them insistently while their movements are synchronised with the choreographic gestures of the other people on the screens, directing little votive dances and repeated prayers to the visitors.

Notre Bon Plaisir (Our Pleasure) is a very demanding piece in terms of resources,’ highlights Pascal Bauer. ‘The basic desire is to have a pack of individuals born by screens who come to ‘annoy’ the visitors by projecting a hypothetical spiritual personality on them, poor beings on a moral and intellectual level.

These beings, who can also be robot mediators in other forms of the project, act like a tribe of seven robots capable of mapping a place and identifying visitors, of reacting to their presence and accompanying them on their visit, and whose audio touch screen broadcasts different types of media according to its location and the demands of the visitors. ‘Notre Bon Plaisir (Our Pleasure) requires the development of specific robotics, based on programming concepts that are perhaps paralleled, that I am unaware of,’ claims Pascal Bauer. ‘What I am saying is that I envision an atypical method of robotics management. To find the funding, I proposed a functional implementation to Univers Sciences in the form of a tribe of robot mediators. Digitalarti got hooked and we are currently developing the overall material and software programme. The project is more than ambitious and without doubt risky, but I think that I quite like to go above and beyond. The Digitalarti team has for some time been expanding its skills and I think that exciting experiments are in sight.
Pascal Bauer is currently carrying out, as part of a residency, the final touches to the project at the 104. ‘The character who appears on the screens is a dancer. I am therefore fine-tuning this part with a choreographer, Miguel Moreira, whose work I really like,’ clarifies Pascal Bauer. ‘We share the same expressionist vision. With the dancer we are outlining the choreography that will be filmed and will then be the subject of a very specific montage to be broadcast on robot screens, and always synchronised with their movements.

Senseimage: anamorphosis and lobotomy

In parallel to this Bon Plaisir (Our Pleasure), and other more personal projects, like these curious individual roundabout for children, similar to those found in shopping centres but that Pascal Bauer declares to be ‘very ambiguous’ (…) with something military about them, filled with lights and festive sounds, and physically resembling torture machines ( !)’ and on which he has been working for two years, another project is taking shape with Digitalarti: the touchscreen video project Senseimage.

This is also a long-term project, requiring a commercially-driven project to be developed to fund it,’ summarises Pascal Bauer. ‘What is very funny, is that the artistic project is a criticism of what will exist, but that does not exist yet. I have to therefore make it exist first of all, to have the material to critically evaluate it. Which shows that I am very much part of the problem...’

The notion of bodily constraint and alienation of individuals is once again the recurring theme. ‘The artistic goal is to restrain the body in the image,’ explains Pascal Bauer. ‘This therefore encourages several avenues of development and I have several projects in mind for this material. One of them is to make a cave that is entirely covered with sensitive video material. That is, it knows your position and can exchange with you so that, wherever you are, the image appears like the result of an anamorphosis in relationship to your field of vision. The image and sound would be far from peaceful and the installation could prove quite a good tool for lobotomy. Perhaps just a slight exaggeration of what is coming full-scale. At the moment however, more of us are watching life scaled down on our smartphones.’ A new virulent creative avenue of investigation in any case, it goes without saying…

Laurent Catala

http://pascal.bauer.free.fr/
pascal-bauer.blogspot.com