"Notre bon plaisir" au 104, dans l'exposition Prosopopée, dans le cadre de la Biennale Némo.
du 05 décembre au 31 janvier 2016
L'installation en cours de développement sera présentée en Work in progress
Journée d'inauguration le Samedi 5 décembre de 14h à 23h
Voici un article de Laurent Catalla pour Digitalarti news ( version française et english version)
"Notre bon plaisir": 3013/2015.
Réalisation, Concepts techniques, Composition sonore : Pascal Bauer. Chorégraphie : Miguel Moreira. Danseur : Sebastian Langueneur.
Production : Digitalarti. Coproducteurs : Digitalarti, Pascal Bauer, Universcience, Arcadi, Synesthésie.
Avec le soutien du CentQuatre-Paris. Avec l'aide d'Arcadi Ile de France / Dispositif d'accompagnements
Production déléguée : Malo Girod de l'Ain. Direction Technique : Bertrand Scache. Programmation Robotique : Wilson Antoine, Assisté de Freddy You et de Gloire Admira. Programmation systèmes :Olivier Gilquin.
Coordination : Martin Giraud. Assistant vidéo : Sebastien Andréa.Communication : Jean-Baptiste Luneau.
Remerciements : CentQuatre-Paris. Polytech Paris UPMC. Créatec. Patrick Cazade. Rero. Reynald Garcia
PASCAL
BAUER : LA CONTRAINTE DU CORPS
Qu’il
présente le corps – et notamment le sien – en marcheur
inflexible, en christ vacillant ou en figurine-objet grimaçante,
Pascal Bauer poursuit toujours avec la même esthétique forte sa
mise en portrait de l’aliénation de l’individu par une
collectivité de plus en plus technologique. Une contrainte du corps
dans l’image qui se poursuit dans des directions encore plus
robotiques et vidéo tactiles avec ses nouveaux projets développés
avec Digitalarti, Notre Bon Plaisir et
Senseimage.
Plasticien
autant qu’artiste audiovisuel, Pascal Bauer a développé une
recherche esthétique plaçant la force mais aussi la fragilité de
l’individu sous le prisme inquiétant du regard
collectif. Corps figés dans l’objet, comme ses figurines
grimaçantes de Ne jamais laisser vos
enfants seuls ; Corps enfermés
dans l’écran, qu’ils soient humains comme ce corps christique
soumis à une tension expiatoire (L’Elu)
ou ce corps nu défilant virtuellement sur son rail (La
Foule), ou animaliers, comme ce
taureau monté sur son bras robotique giratoire et
« chargeant » le public l’entourant (Le Cercle)
; le travail de Pascal Bauer transcende par l’image ce cheminement
contraint de l’individu vers le collectif omnipotent. Un
cheminement souvent chaotique, toujours perturbant, où l’artiste
semble parfois payer de sa personne en mettant directement sa propre
image en jeu, mais qui confère à ces pièces une force fascinante,
où le choix du médium est moins déterminant que la quête de sens.
« Mon travail est d'abord
signifiant », explique Pascal
Bauer. « Je choisis ensuite la
technique qui défendra le mieux la formalité qui en est induite.
J'ai donc d'autres travaux qui utilisent d'autres médiums comme la
photo ou le texte. »
Il
est intrigant de constater combien l’usage de toutes ces techniques
traduit de manière singulière dans les pièces de Pascal Bauer une
forme d’hybridation, de simultanéité entre l’expressivité
« primitive » de la forme plastique et le nouveau cadre
technologique qui la transforme. Cette approche peut être très
symbolique, comme dans la pièce Deep Captive qui présente un
objet mi-missile, mi-massue. Ou encore dans Master of the
Wolves qui dévoile un tchat gravé dans le marbre de
Carrare. Mais elle n’induit pas une dévotion de la part d’un
artiste citant Kafka et Zappa comme référence, qui se dit fasciné
par « la folie maîtrisée de Goya et de Delacroix »,
à la nouvelle fée numérique. « Le numérique n'a aucune
particularité pour moi, c'est une matière comme une autre »,
affirme Pascal Bauer. « Ou bien si, elle a une grande
particularité. C'est la seul matière où je ne peux pas tout faire
tout seul, car je ne possède pas le vocabulaire de codage. De toute
façon, la simultanéité des techniques me va bien. Comme beaucoup
d'artistes, j'adore les antagonismes. Par exemple pour Master of
the Wolves, c'est la noirceur naturelle de ce tchat qui ma poussé
à le traduire en objet, avec son protocole d'expression, sa nature
immatérielle et instantanée, à lui donner une formalité qui vise
l'éternité matérielle. »
L’homme,
un monstre social ?
Dans
le travail de Pascal Bauer, l’élément fondamental reste néanmoins
sa façon de mettre l’humain au cœur de ses dispositifs. Et si
cette expression peut être conceptuelle – comme dans Ready Made
et sa liste de onze mille termes compilés à
partir des fichiers des différents organismes de protection de la
propriété industrielle européens –, ce sont néanmoins ces
pièces les plus frontales comme L’Elu
ou La Foule,
à travers lesquelles l’image de l’homme (de Pascal Bauer en
l’occurrence) est malmenée dans sa chair ou cliniquement observée
dans sa démarche la plus robotisée, qui stigmatise le mieux ce lien
de subordination établi entre l’homme et son référent
social collectif. « Tout
mon travail tourne autour du thème de l'aliénation »,
confirme Pascal Bauer. « Je ne
le fais pas exprès. Cela n'a rien de volontaire. Le corps social, le
clan, la communauté, la bande, la meute, le banc, le vol, le
troupeau : tous ces ‘objets’ ont quelque chose d'effrayant
non? Ils sont indispensables à l'individu, mais le contraignent
fermement. » D’une certaine
manière, c’est à une autre vision de nous-mêmes que mène ce
regard dirigé par Pascal Bauer. « Sous
un autre regard, nous sommes des monstres. Des monstres plein de
bonne volonté, mais des monstres, car nous sommes construits de
valeurs négatives, que la plupart d'entre nous essaye de juguler
intellectuellement en correspondance aux lois du groupe, d’où la
bonne volonté. C’est un discours rabâché, mais j'ai besoin
d'exprimer ce nœud d'angoisse. »
Cette
expression répond souvent à un mode opératoire fortement
déstabilisant mais surtout hypnotisant, notamment dans la pièce
L’Elu Couché où le personnage christique incarné par
Pascal Bauer, fixé au sol sur un écran-crucifix jeté à terre,
renvoie l’image torturée et saturée d’un homme en proie à une
lutte expiatoire compulsive, portée par le volume et le brouhaha
sonore passionnel de l’installation. « L'aliénation, la
dépossession, mène à une forme d'état second par la difficulté à
se situer qu'elle implique », note Pascal Bauer. « Mais,
la problématique de l'élu est différente. L'élu que je sculpte -
car c'est une sculpture - fait certes référence au Christ, mais il
fait d’abord référence à la crucifixion dont le personnage est
sauvé par son infirmité. Dans le même temps, celui-ci tient à
conserver son statut d'élu, qu'il ne peut conserver à cause de son
infirmité que grâce à une reprise d'équilibre constante. Il y a
donc là une image du statut intemporel de l’élu du corps social.
D'autre part, le concept d'élu est un outil d’hypnose à grande
échelle. C'est pour cette raison qu'il est omniprésent dans notre
culture. Vous n'aimez pas votre vie ? Nous vous offrons le
blockbuster et son héros du dimanche soir où, par projection, vous
vous vengez de toutes les contrariétés de votre semaine. C’est
valable pour tout le monde. Moi aussi, j'ai besoin d’évacuer.
C’est en partie pour cela que je me mets en scène moi-même. Je
fais partie du problème, je ne suis pas au-dessus.
L'élu est donc un fondamental de nos sociétés et de
leurs pouvoirs hypnotiques. »
Du
Cercle à l’écran
Dans
Le Cercle, la figure humaine cède sa place à la silhouette
d’un animal, un taureau, qui en dépit de ses efforts de course
reste à la fois prisonnier de l’écran et de sa rotation
concentrique sur son axe. « La référence à l'animal est
très présente dans mon travail, souvent par mimétisme d’attitude.
C'est d’ailleurs une projection, que je partage avec Kafka qui ne
l'a pas utilisé que pour La Métamorphose », précise
Pascal Bauer. « Le taureau est une créature incontournable
dans les mythologies comme symbole de puissance. Il est souvent
utilisé pour l'image de la puissance maîtrisée ou asservie. Je ne
fais donc que perpétuer une tradition. »
Le
Cercle est une pièce essentielle du travail de Pascal Bauer, qui
nécessite des améliorations constantes et que l’artiste présente
d’ailleurs sous ses nouveaux atours jusqu’en septembre
à l'Abbaye de Saint-Riquier dans le cadre de l'exposition
Anima/Animal. « Le Cercle est une pièce assez imposante,
qui relève beaucoup de défis », reconnaît Pascal Bauer.
« Elle a été réalisée avec les moyens que m’a accordé
Arcadi, qui sont loin d'être insignifiants mais très insuffisants
pour l'envergure de l'installation. L'année dernière, le CDA
d'Enghien m'a offert un budget supplémentaire pour l'équiper avec
un écran à LEDs, ce qui lui permet d'être visible en lumière du
jour. Mais, cet écran a rajouté une charge de 150 Kilos à la
machine qu'il a fallut reconfigurer complètement en un temps record.
Cette faiblesse des moyens fait que la machine n'est pas encore
configurée comme je le voudrais. Je l'améliore donc à chaque
présentation de telle sorte qu'elle gagne en fiabilité. Il manque
cependant encore une dimension d'interactivité qui n'est pas
essentielle mais qui m'amuserait assez. J’ai aussi le projet d'en
faire une version se cognant sur les murs, dans un angle d'une grande
salle, de façon à accentuer mon désir que l'on soit contraint à
être très proche de la machine, de sa sonorisation et de ses
mouvements. Ce serait encore plus impressionnant. »
Qu’il
s’agisse du Cercle ou de L’Elu, ou encore de La
Foule, l’écran reste en tout cas chez Pascal Bauer l’interface
idoine, la lucarne par laquelle l’individu souscrit à la vision
qu’a de lui le groupe. Faut-il donc voir dans son usage une forme
de détournement de ce meilleur symbole actuel de notre société de
consommation et de technologie ? « Oui, il y a de
cela », acquiesce Pascal Bauer. « Mais, c’est
surtout un support de vie par procuration, qui est une autre forme
d'aliénation. Il y a aussi le fait que je sois assez réfractaire
aux poncifs, ceux dont je suis conscient du moins. Donc redonner de
la matérialité à l'immatériel m'amuse assez lorsque nous
n’arrêtons pas de parler de dématérialisation. Je suis
d'ailleurs persuadé que nous avons actuellement déjà passé cette
étape. La multiplication actuelle des Fab Lab est bien la preuve
d'un désir de faire du matériel avec le numérique. »
Des
robots indigents pour Notre Bon Plaisir
Preuve
de cet intérêt certain pour les nouvelles procédures de
matérialisation numérique, Pascal Bauer a récemment entamé une
collaboration avec le Artlab de Digitalarti autour de la réalisation
de deux nouveaux projets où l’écran fait encore figure de médium
privilégié. Dans Notre Bon Plaisir – nouvelle référence
mi-amusée, mi-provocatrice à l’hypnotique religieux -, cette
récurrence se double même d’une association encore plus poussée
du public qui se retrouve pris à partie par une « meute de
robots indigents » : des objets rampants portant
chacun un écran horizontal sur lequel s’active une figure humaine
aux mouvements énergiques et qui s’affairent, en groupe, à
importuner un visiteur choisi en le suivant avec insistance tandis
que leurs déplacements sont synchronisés aux gestes chorégraphiques
des autres personnages sur les écrans, qui adressent aux visiteurs
de petites danses votives et des prières insistantes.
« Notre
Bon Plaisir est une pièce très exigeante en termes de ressources
», souligne Pascal Bauer. « Le désir de base est d'avoir
une meute d'individus portés par des écrans, qui viennent
‘importuner’ les visiteurs en projetant sur eux une hypothétique
personnalité spirituelle, des êtres pauvres au niveau moral et
intellectuel. »
Ces
êtres, qui peuvent être aussi des robots médiateurs dans d’autres
déclinaisons du projet, agissent donc comme une tribu de sept robots
capables de cartographier un lieu et d'identifier des visiteurs, de
réagir à leur présence et de les accompagner dans leur visite, et
dont l’écran tactile sonorisé diffuse différents types de médias
selon son emplacement et les demandes des visiteurs. « Notre
Bon Plaisir fait appel au développement d'une robotique
spécifique, qui fonctionnera sur des concepts de programmation qui
ont peut être des équivalents, mais que je ne connais pas »,
revendique Pascal Bauer. « Je veux dire par là que
j'imagine une méthode atypique de gestion de la robotique. Pour
trouver les financements, j'ai proposé à Univers Sciences une
déclinaison fonctionnelle sous la forme d'une tribu de robots
médiateurs. Digitalarti s'est piqué au jeu et nous développons
actuellement l'ensemble du programme matériel et software. C'est un
projet plus qu’ambitieux et sans doute périlleux, mais je crois
que j'affectionne assez les notions de dépassement.
L'équipe de Digitalarti s'est développée depuis quelques temps
avec des compétences accrues et je crois que l'on peut arriver à
des expérimentations passionnantes. »
C’est
au 104 que Pascal Bauer procède actuellement, dans le cadre d’une
résidence, aux dernières finalisations du projet. « Le
personnage qui apparaît sur les écrans est un danseur. Je peaufine
donc cette partie avec un chorégraphe, Miguel Moreira, dont j'aime
beaucoup le travail », précise
Pascal Bauer. « Nous partageons
la même vision expressionniste. Nous dessinons avec le danseur, la
chorégraphie qui va être filmée, puis qui va faire l'objet d'un
montage très spécifique pour être diffusée sur les écrans
robots, toujours de façon synchronisé à leurs déplacements. »
Senseimage :
anamorphose et lobotomisation
Parallèlement
à ce Bon Plaisir, et à d’autres projets plus personnels,
comme ces curieux manèges unitaires pour enfants, semblables à ceux
que l’on trouve dans les centres commerciaux mais que Pascal Bauer
annonce comme « très ambigus (…) avec quelque chose de
militaire, plein de lumières et de sonorités festive, et
formellement à la frontière de la machine de torture ( !) »
et sur lesquels il travaille depuis deux ans,
un autre projet se dessine avec Digitalarti : le projet de vidéo
tactile Senseimage.
« Là
aussi, c'est un projet à long terme, qui nécessite pour le financer
le développement d’un projet à finalité commerciale »,
résume Pascal Bauer. « Ce qui
est très amusant, c'est que le projet artistique est une critique de
ce qui va exister, mais qui n'existe pas encore. Je dois donc d'abord
le faire exister, pour avoir le matériel pour en faire la critique.
Comme quoi je fais bien partie du problème... »
Une
fois encore, la notion de contrainte du corps et d’aliénation de
l’individu résonne comme un véritable leitmotiv. « Le
but artistique est de contraindre le corps dans l'image »,
glisse ainsi Pascal Bauer. « Cela induit donc plusieurs
pistes de développement et j'ai plusieurs projets en tête avec ce
matériel. L'un d'eux est de faire une caverne entièrement tapissée
de matière vidéo / sensible. C'est à dire qui connaît ta position
et qui peut échanger avec toi de telle sorte que, où que tu sois,
l'image apparaisse comme le résultat d'une anamorphose par rapport à
ton champ de vision. L'image et le son seraient donc tout sauf
paisibles et l’installation pourrait constituer un assez bon outil
de lobotomisation. Peut-être juste une petite exagération de ce qui
se prépare à l’échelle réelle. Quoique, en ce moment, on en est
plus à voir la vie en très petit sur nos smartphones. »
Une nouvelle piste de réflexion créative virulente en tout cas,
cela va sans dire…
Laurent
Catala
http://pascal.bauer.free.fr/
pascal-bauer.blogspot.com
PASCAL
BAUER: CONSTRAINT OF THE BODY
Whether
he presents the body –especially
his – as an unswerving walker, a faltering Christ or a contorted
figurine, Pascal Bauer continues his portraiture with the same strong
aesthetic identity, depicting the alienation of individuals by an
increasingly technological community. The body is constrained in the
shot using even more robotic methods and tactile videos in his new
projects Notre Bon Plaisir
(Our Pleasure)
and Senseimage developed
with Digitalarti.
A
visual as well as audiovisual artist, Pascal Bauer has investigated
aesthetics looking at the strength but also the fragility of the
individual through the alarming prism of the collective
vantage point. Bodies fixed in the object, like his contorted
figurines in Ne
Laissez Jamais Vos Enfants Seuls (Never Leave Your Children Alone);
Bodies enclosed in the screen, whether human, like this Christ-like
body subject to expiatory tension (L’Elu
– The Chosen One),
or this naked body parading virtually on its track (La
Foule-The Crowd),
or animals, like this bull mounted on a gyratory robotic arm and
‘charging’ the audience surrounding it (Le
Cercle – The Circle). Through image
Pascal Bauer’s work transcends this forced progression of the
individual towards the omnipotent group. An often chaotic and always
disturbing progression, where the artist sometimes seems to put his
body on the line by directly sacrificing his own image, but who
bestows these pieces with fascinating strength,
where the choice of the medium is less decisive than the search for
meaning. ‘My
work is in the first instance significant,’ explains Pascal
Bauer. ‘I
then choose the technique that will best champion the resulting form.
I use other mediums like photography or text in other works.’
It
is intriguing to observe how much the use
of all these techniques in Pascal Bauer’s pieces uniquely
translates a form of hybridisation, of simultaneity between the
‘primitive expressiveness of the physical form and the new
technological framework that transforms it. This approach may be very
symbolic, as in the piece Deep Captive
that presents a semi-missile, club-like object. Or in Master
of the Wolves revealing a chat engraved
in Carrara marble. But it does not lead to devotion, on behalf of an
artist quoting Kafka and Zappa as a reference, claiming to be
fascinated by ‘the controlled madness
of Goya and Delacroix,’ to the new
digital fairy. ‘Digital is not
particularly special to me; it’s a material like any other,’
confirms Pascal Bauer. ‘Well, its
distinctive characteristic is that it is the only material that I
cannot work on independently, as I do not have any coding skills. In
any case, simultaneous techniques suit me. Like many artists, I love
antagonism. For example for Master of
the Wolves, the natural darkness of this
chat pushed me to translate it into an object, with its protocol of
expression, its intangible and instant nature, to give it a form
seeking material eternity.’
Is
man a social animal?
In
Pascal Bauer’s work, the core element
nonetheless remains his way of putting people at the heart of his
devices. And if this expression can be conceptual –like in Ready
Made and
his list of eleven thousand terms compiled from the files of
different European organisations for the Protection of Industrial
Property– it is nevertheless these most frontal pieces like L’Elu
(The Chosen One)
or La Foule
(The Crowd),
through which the image of man (Pascal Bauer in this case) is
ill-treated in the flesh or clinically observed in his most robotic
approach, that best stigmatises this relationship of subordination
established between man and his collective
social benchmark. ‘All
my work revolves around the theme of alienation,’
confirms Pascal Bauer. ‘I
do not do it on purpose. It is not intentional. The social body, the
clan, the community, the group, the pack, the shoal, the flight and
the flock: all these ‘objects’ are scary aren’t they? They are
indispensable to the individual, but resolutely force them.’
In one respect, this view controlled by Pascal Bauer leads to another
vision of ourselves. ‘From
a different angle, we are monsters. Monsters full of goodwill, but
monsters, as we are constructed from negative values, that most of us
try to contain intellectually according to group laws, hence the
goodwill. This has been endlessly repeated, but I need to express
this anguish.’
This
expression often responds to a powerfully destabilising but above all
hypnotising operating mode, particularly in the piece L’Elu
Couché (The Chosen One Lying Down)
where the Christ-like figure embodied by Pascal Bauer, attached to
the ground on a crucifix with a screen thrown to the ground, offers
the tortured and saturated image of a man threatened by a compulsive
expiatory struggle, driven by the volume and passionate hubbub of the
installation. ‘Alienation,
dispossession, leads to a form of altered state making it difficult
to place yourself,’ notes Pascal
Bauer. ‘But, the problem of the chosen
one is different. The chosen one that I sculpt– for it is a
sculpture – indeed refers to Christ, but first of all it refers to
the crucifixion. His disability saves him. He wants to retain his
status as the chosen one that he can only keep because of his
disability thanks to a constant balancing act. Therefore there is an
image of the timeless status of the chosen one by the population. On
the other hand, the concept of the chosen one is the opium of the
masses. This is the reason for which it is omnipresent in our
culture. Do you like your life? A Sunday evening blockbuster and its
hero is up for grabs where, by projection, you rid yourself of your
entire week’s difficulties. It applies to everyone. Me too, I need
to de-stress. That is partly why I stage myself. I am part of the
problem; I am not above it.
The chosen one is therefore
fundamental to our societies and their hypnotic powers.’
From
Le Cercle (The Circle) to screen
In
Le Cercle (The Circle),
the human figure makes way for an animal silhouette, a bull that in
spite of its efforts to run remains both a prisoner of the screen and
of its concentric rotation on its axis. ‘Animals
are often referred to in my work, often by mimicking a posture. This
is in fact a projection, that I share with Kafka who only used it for
The Metamorphosis,’ outlines Pascal
Bauer. ‘The bull is a key creature in
mythologies as a symbol of power. It is often used for the image of
controlled or subjugated power. Therefore I am only perpetuating a
tradition.’
Le
Cercle (The Circle) is one of Pascal
Bauer’s key pieces, requiring constant improvements. The artist
presents new versions of it at the Abbaye de Saint-Riquier until
September as part of the exhibition Anima/Animal. ‘ Le Cercle
(The Circle) is quite an imposing piece,
that overcomes many challenges,’
Pascal Bauer recognises. ‘It was
produced with a grant from Arcadi, that was far from insignificant
but very insufficient for the scope of the installation. Last year,
the CDA d'Enghien offered me an additional budget to equip it with an
LED screen, enabling it to be visible in daylight. But this screen
has added 150 kilos to the machine that had to be fully reconfigured
in record time. The shortfall means that the machine is not yet
configured as I would like. Therefore I improve it for each
presentation in such a way, that it becomes more reliable. However it
still lacks an interactive dimension that is not essential but that I
would nevertheless enjoy. I also plan to make a version of it banging
against the walls, in the corner of a large room, to emphasise my
desire that we are obliged to be very close to a machine, its sound
system and its movements. That would be even more impressive.’
Whether
Le Cercle
(The Circle) or L’Elu (The Chosen
One), or La
Foule (The Crowd), for Pascal Bauer
screens remain in any case the fitting interface, the window through
which the individual subscribes to the vision that the group has of
him. Should we therefore see in its use a form of misappropriation of
this greater current symbol of our consumer and technology society?
‘Yes, there is that,’
agrees Pascal Bauer. ‘But above all it
is life’s blueprint by
proxy, which is another form of alienation. There is also the fact
that I am quite resistant to clichés, those that I am aware of at
least. So restoring tangibility to the intangible rather amuses me
while we are still talking about dematerialisation. I am convinced
that we have already passed this stage. The current multiplication of
Fab Labs demonstrates a desire to make material with digital.’
Needy
robots for Notre Bon Plaisir (Our
Pleasure)
As
proof of this specific interest for new
digital materialization processes, Pascal Bauer has recently started
work with Digitalarti’s Artlab around two new projects where
screens are still proving to be a preferred medium. In Notre
Bon Plaisir (Our Pleasure)– a new
half-amused, half-provocative reference to hypnotic religious people
- this recurrence is coupled with a much more comprehensive
integration of the audience also set upon by a ‘swarm
of needy robots’:
crawling objects, each bearing a horizontal screen on which a human
figure bustles about energetically, busy themselves as a group,
disturbing a chosen visitor by following them insistently while their
movements are synchronised with the choreographic gestures of the
other people on the screens, directing little votive dances and
repeated prayers to the visitors.
‘Notre
Bon Plaisir (Our Pleasure) is a very
demanding piece in terms of resources,’
highlights Pascal Bauer. ‘The basic
desire is to have a pack of individuals born by screens who come to
‘annoy’ the visitors by projecting a hypothetical spiritual
personality on them, poor beings on a moral and intellectual level.’
These
beings, who can also be robot mediators in
other forms of the project, act like a tribe of seven robots capable
of mapping a place and identifying visitors, of reacting to their
presence and accompanying them on their visit, and whose audio touch
screen broadcasts different types of media according to its location
and the demands of the visitors. ‘Notre Bon Plaisir (Our Pleasure)
requires the development of specific robotics, based on programming
concepts that are perhaps paralleled, that I am unaware of,’
claims Pascal Bauer. ‘What I am saying
is that I envision an atypical method of robotics management. To find
the funding, I proposed a functional implementation to Univers
Sciences in the form of a tribe of robot mediators. Digitalarti got
hooked and we are currently developing the overall material and
software programme. The project is more than ambitious and without
doubt risky, but I think that I quite like to go above and beyond.
The Digitalarti team has for some time been expanding its skills and
I think that exciting experiments are in sight.’
Pascal
Bauer is currently carrying out, as part of a residency, the final
touches to the project at the 104. ‘The
character who appears on the screens is a dancer. I am therefore
fine-tuning this part with a choreographer, Miguel Moreira, whose
work I really like,’
clarifies Pascal Bauer. ‘We share the same expressionist vision.
With the dancer we are outlining the choreography that will be filmed
and will then be the subject of a very specific montage to be
broadcast on robot screens, and always synchronised with their
movements.’
Senseimage:
anamorphosis and lobotomy
In
parallel to this Bon Plaisir (Our
Pleasure), and other more personal
projects, like these curious individual roundabout for children,
similar to those found in shopping centres but that Pascal Bauer
declares to be ‘very ambiguous’ (…)
with something military about them, filled with lights and festive
sounds, and physically resembling torture machines ( !)’
and on which he has been working for
two years, another project is taking shape with Digitalarti: the
touchscreen video project Senseimage.
‘This
is also a
long-term project, requiring a commercially-driven project to be
developed to fund it,’
summarises Pascal Bauer. ‘What is very funny,
is that the artistic project is a criticism of what will exist, but
that does not exist yet. I have to therefore make it exist first of
all, to have the material to critically evaluate it. Which shows that
I am very much part of the problem...’
The
notion of bodily constraint and alienation of individuals is once
again the recurring theme. ‘The
artistic goal is to restrain the body in the image,’
explains Pascal Bauer. ‘This therefore
encourages several avenues of development and I have several projects
in mind for this material. One of them is to make a cave that is
entirely covered with sensitive video material. That is, it knows
your position and can exchange with you so that, wherever you are,
the image appears like the result of an anamorphosis in relationship
to your field of vision. The image and sound would be far from
peaceful and the installation could prove quite a good tool for
lobotomy. Perhaps just a slight exaggeration of what is coming
full-scale. At the moment however, more of us are watching life
scaled down on our smartphones.’ A
new virulent creative avenue of investigation in any case, it goes
without saying…
Laurent
Catala
http://pascal.bauer.free.fr/
pascal-bauer.blogspot.com